Mon empirigraphie personnelle de La Réunion s’est étalée sur trois jours, les 6, 7 et 8 juin 2015. Le parcours a été décidé sur la base d’une sélection de lieux touristiques présentés sur le site de l’Île de La Réunion Tourisme, le long des côtes et dans la course du soleil.
On m’a souvent fait remarquer, à raison, que j’avais des connaissances lacunaires des lieux touristiques de l’île, ne les ayant jamais visités pour la plupart. Cela, je me l’explique d’une part par les difficultés liées à la mobilité à l’intérieur de l’île lorsque l’on ne s’intègre justement pas dans les circuits touristiques, et d’autre part, par le faible intérêt que j’éprouvais pour ces lieux, notamment à cause de ma méconnaissance de leur importance historique, au-delà de leur aspect touristique. À l’opposé, le tourisme fait de la visite de ces lieux une urgence motivée par la courtesse des séjours et le schéma économique qui s’est bâti autour d’eux. Leur histoire est alors réduite en folklore, en anecdote racontée entre deux lignes dans des guides qui s’attardent plutôt sur les paysages esthétiques et exotiques.
Pour moi, ce projet était prétexte à l’exploration physique de ces lieux. Une sorte de pèlerinage qui visait à la reconnexion avec mon île et à une partie de mon identité. Il questionne aussi la valeur de ce que l’on appelle les « photos souvenirs » : une recherche sur internet suffit à découvrir le point de vue photographique des innombrables touristes qui ont foulé le sol de ces lieux. Quel sens y a-t-il encore à en produire et partager davantage ? Que dit une photo de l’expérience du lieu ? Est-il seulement possible de la partager ?
Est donné à voir le résultat d’une photographie prise sans retirer le cache de l’appareil ou en l’occultant. Cet acte doit être délibéré mais ne devrait pas vous exempter de l’étape habituelle et préalable du cadrage. Il vous est évidemment permis de retirer le cache pour mener à bien cette étape, mais celui-ci doit être replacé avant de déclencher l’appareil.
En fonction du type d’appareil photo que vous utilisez, vous pouvez substituer l’une de vos mains au cache — lorsque vous ne disposez pas de ce dernier par exemple. Toutefois, le produit de cette opération étant inutilisable en l’état, il est de votre responsabilité d’auteur de maintenir la confiance du regardeur en remplaçant l’information perdue par une information exploitable. Il peut par exemple s’agir d’un enregistrement sonore, d’un texte ou simplement d’un titre explicite.
Dans tous les cas, le regardeur doit être en mesure de faire appel à sa mémoire et à son imagination pour reconstruire une véritable image subjective de votre sujet.